Hip Hop, je me
souviens du temps où je t’écoutais sur walkman et des galères pour me fournir. Alors, chaque acquisition était une vraie réjouissance ! Je peux avouer que j’ai pleuré pour ce baladeur
cassette. Comment ne pas être mélancolique ? C’était l’époque où ma réflexion et mes actes avaient peu d’incidence ! C’est sur, on est loin de la madeleine de Proust... L’ambre dont ma
grand-mère se parfumait... Ce sont les éphémères de mon enfance et dire que cet instant est consommé ! (envolée lyrique - tchi-tcha)
Mon rêve après être présidente de la république, c’était de naître pendant les années 60 aux states
d’Amérique durant la lutte pour les droits civiques et de l’émergence de la culture Hip Hop. Hip-Hop
même si c’est utopique, je sais que tu as la force d’exprimer nos fiertés, nos tristesses, nos frustrations et nos espoirs. Tu es la poésie de
demain !
Hip Hop, Tu me fous le spleen comme disait Baudelaire ou le seum comme diraient
les Zupards ! Plus d’une décennie que l’on vit ensemble et plus d’une fois j’ai voulu demander le divorce ! Tu devenais plus que populaire et je pense que j’aurais pu amasser pas mal de
billets. Je t’aimais parce que l’argent ne te faisait rien. Mais je vois que le capitalisme rattrape tout, même toi Hip Hop chéri ! Dois je t’en vouloir ? Je ne sais plus ! Je suis
enfin prête à te partager, à condition que tu restes de qualité.
Je ne laisserais jamais personne te réduire à du rien, dire de toi que tu es primaire, un
modèle d’inhumanité, de grossièreté, de violence, de sexe et de dénuement musicale. Ton problème Hip Hop c’est que tu n’as su concilier money et qualité ! T’étais un truc
fédérateur pour moi qui dépassait toutes les frontières ! Ton credo c’était de poétiser la misère pour ne pas s'enrichir sur celle des autres !
Hip Hop je t’aime, Hip Hop je t’adore. Ta culture est entière : BBoying, Graff, Mc’ing, Djing... Hip Hop j’espère que tu continueras à m’offrir ton extraordinaire et incontournable potentiel.
Tu es doué de sociabilité par ton écoute, ton respect et l’échange que tu procures.
Je me rappelle (style j’ai traversé les
siècles) d’un temps où tu avais toutes tes lettres de noblesse et où t’écouter était marginal. Pour moi tu étais un mode de vie plein d’ambitions fait de croyances et de valeurs. J’espère que
l’explosion de ta culture ne t’a pas tué.
Le Hip Hop, ça a été un exutoire qui m’a
permis de penser librement et d’épancher mes incertitudes et mes sentiments sur papier.
Hip Hop, je chéris ton engagement, ta
spiritualité, ton authenticité, ta légèreté, ton inventivité, ta facétie, ta fraîcheur mais surtout ton accessibilité. Tout le monde peut faire du Hip Hop ! Tout le monde peut le vivre comme une
rite initiatique, peut en faire sa vie, sa passion, mais sûrement pas son métier !
Plus de quinze ans que je m’abreuve à ta source et voilà « j’ai mal au
mic » parce que tu deviens un phénomène de mode formaté pour les jouissances du grand public.
Le Hip Hop que j’ai connu
et que je croise de moins en moins c’était l’underground militant et voix de la masse qui exprime ses maux et ses jubilations. Mais où est t-il passé ? Il s’est perdu dans les méandres de
l'érotisation des armes, du bling-bling, des biatchs généreuses et toujours disponibles... et surtout de l’argent qui appelle l’argent. Le Hip Hop est parfois devenu la vitrine de la société de
consommation. Le gangsta rap n’a pas fini de dépérir, auto martyre de sa parodie. Les kilos d’or et de diamants que PDDY arbore autour de son cou, n'oublie pas que
c’est toi qui lui offres.
Je me rappelle de notre première confrontation
et malgré la secousse
provoquée tout de suite je t’ai affectionné ! Bizarrement,
c’est comme si je t’avais toujours connu ! Une intimité à toujours été présente entre nous et c’est peut être pour ça qu’aujourd’hui tu t’es permis autant de dérives et de familiarités à mon
égard. Jamais je ne te renierais tu es mon premier grand amour et ce n’est en rien un secret. Jamais je ne pourrais entonner : ‘Que le Hip Hop français repose en paix’ car je
suis persuadée que tu as mûri et qu’un tournant t’attend.
Rédaction à 6 mains:
Hadouj la mangeuse de chat, Mista D. et la Babouch-K
Pics: Proto. pour le logo de D-Town... (Merci
à toi Yacco star qui nous a réuni !)